Pourquoi le monde arabe est angoissé

1997-03-19 :: Organisation de solidarite des peuples afro asiatiques

ALAlmAM llDDo  -IDEES

 

-Vous avéz critiqué leThéme de la conférence du Caire « Choc de civilizations ou dialogue de cultures»,  pour quelles raisons ?

- jen'ai pas trouvé dans ce thème un sujet de débat . C'estjuste une réaction, à la thèse de Huntington. Dans ce sens, je pense què la Cotnférencen'a pas beaucoup d'intérêt. Il y a un sujet important sur lequèl il faut rêflêchir , c'est l'évolution des relations internationals aujourd'hui. C'est-à-dire, étudier sur quelles bases se fait la recomposition du monde .et quelle est la place du Tiers-Monde, quells sont les défis et les problèmes qui se posent à la création d'un système plus équilipré, où les intérêts des pays du Sud soient un peu mieux respectés.

 

-On se plaint souvent dans le monde arabe, que nous somme menaces culturellement et reli-gieusment ,Y à-t-il un fondement réel à cette affirmation ouest-ce à mettre sur le compte d'unevictimation des Arabes par eux-mêmes ?

- L'évolution des relations internationals provoque une veritable décomposition des forms classiques d'organisation au niveau national et international. Il est évident que cette décomposition met les gens, y compris les intellectuels dans un certain désarroi. On a l'impression qu'onest menacé, qu'on ne maîtrise plus notre devenir. Donc, on est inquiet et angoissé et on a cette attitude plutôt paranoïaque, c'est-à-dire de défense.

Notre attitude negative est liée à notre incapacité de comprendre, d'analyser cette phase difficile et décisive de l'évolution du monde, où Il faut, désormais, négociersa place. Lés Arabes en particulier paraissent plus sensibles au débat concernant leur culturel  et leur image dans le monde . L'enjeu culturel du problem est aiguisé  à l'extrême, au détriment des enjeux politique, économique et stratégique. C'est pour quoi il me semble, qu'au fond, ce theme es tune problématique de l'Occident qui veut nous attire vers un terrain où nôus ne discutons que de notre image, alors que les enjeux sont ailleurs . Meme si les medias occidentaux arrêtent de critique ou de deformer l'image de l'Islam, cela ne changera pas grand chose au fait que nous avons construit une image déformée de nous-mêmes. Je pense que cela est fondamental. Nous nous occupons de notre image alors que c'est quelque chose qui ne peut être maîtrisée, tant que les autres enjeuxne  son pas vraiment maîtrisée. Queles Occidentaux reconnaissent que la civilization musulmane a été prestigieuse à un moment et qu'on a contribué à l'évolution du monde, ça  peut nous remonter le moral sans plus. Il ne faut pas miser que sur cela. Car le problem ès tailleurs.

 

- Où le situez-vous ?

- L'essentielest de débattre sur des problems comme la sécurité au Proche-Orient, la question de l'intégration régionale et sur des enjeux stratégiques : qui va contrôler le monde ? Quels sont les Etats qui vont contrôler les facteurs fondamentaux  du progres ? Qui va contrôler la technologie ? Est-cequ'iln'yaurait pas un débat à lancer sur le transfert de technologies sur l'information, sur qui contrôle la puissance nucléaire et les armes de destruction massive, capable de donner un avantage sur les autres, sur la question des investissements, car le monde arabe ne reçoit que 2 % des capitauxmondiaux, etc. Pourquoi  respecte-t-on davantage les quatre Dragons asiatiques?Parce qu'ils attirent des dizaines de milliards de dollars. Il font désormais partie du proœssus de dévèloppement mondial,alors que nous sommes très marginaux. Les Musulmans, les Arabes ne comprennent pas qu'ilssont aujourd'hui très marginalisés par rapport au monde et que si nous ne saisissons pas aujourd'hui l'occasion pour changer les données économiquei,,politiques, géopolitiques et culturelles . de nos sociétés, nous allons rater la momlialisation et nous allons nous trouver rapidement dans une situation insupportable.

 

- La pensée arabe serait-elle incapable de lancer de tels débats ?

- Il est vrai qu'il y a une crise de la pensée arabe. Mais je pense qu'ils'agit surtout de crise de la pensée politique.Le monde arabe a perdu toute vision politique, parce qu'on a éradiqué le politique de no ssociétés. Il est devenu dangereux de parler politique; C'est devenu une nouvelle religion sacrée à une catégorie semblable à un clergé. Les intellectuels qui ont travaillé avec des partis politiques sentent que politiquement, ils ne peuvent pas dire grand chose et euxmême sont perdu confiance dans la politique. C'est pour cela qu'ils choisissent des sujets généraux comme thèmes de réflexion comme l'islam ou le patrimoine. Presque tout ce que nous avons publié depuis 25 ans  serattache à ces questions. C'est à ce niveau qu'on peut parler d'une crise de la pensée arabe qui n'arrive pas à se situer, à se redéfinir un role politique et culturel.

 

-Quelle dimension donner, à votre avis, à l'enjeu religieux ?

- L'enjeu religieux, c'est quoi ?Quelle est notre revendication ? Que les autres reconnaissent que notre religionn'est pas terroriste. Est-ce undébat de continuer à dire aux gens que nous ne sommes pas des terroristes ? Voilà ce que je pense de la thèsede Huntington. Iln'est pas dangereux parce qu'il nous accuse et parce qu'il nous considère comme des ennemis. Il est dangereux pour ce qu'ildit(parce que vous ete musulmans on ne peut pas s'entendre ).Donc, il trouve dans la difference culturelle et  religieuse entre les peuples, une justification pour faire durer la domination des pays occidentaux.je pense  que les pays arabes sont paralysés .ils ont parle, il ya un an,d'un accord de libre-échange interarabe et les Etats refusent aujourd'hui de Ie signer Qu'attendent-ils ? Que les Israéliens leur imposent une intégration régiônale. Toutes les échéances,que les gouvernements arabes devaient accomplir Durant cette décennie, sont gelées. En effet, aucune réforme n'est aujourd'hui appliquée, sauf dans certains pays au niveau économique, miais au niveau politique, iln’y a pas de réforme del'Etat. Iln'y a pas de réformes des systèmesadministratifs, éducatifs, pas de réformes financières. Iln'y a rien. On attend, après cela, qùe les gens nous respectent. Tant que le monde arabe ne fàit rien, il ne se respecte pas et,par conséquent, il est encore moins respecté à l'extérieur. Tout dépend de nous .il fautd’abord lancer une dynamique de réflexion. Il faut sortir de cette léthargie et de  l'angoisse de ce qu'ondit de nous. Sicela n'est pas fait, nous allons droit versl'implosion.